Six serres ont été installées au lycée agricole d’Abbeville, pour y développer le maraîchage solidaire. Il crée de l’emploi, et les légumes vont à des associations caritatives.

arrosage tomates

Salades, choux, carottes, courges, haricots, courgettes, tomates, betteraves rouges… Un vaste potager est cultivé à l’arrière du lycée agricole d’Abbeville. Plusieurs serres sont également en cours d’installation. Six au total, équipées de récupérateurs d’eau de pluie et de panneaux solaires pour fournir la chaleur nécessaire, et être totalement autonomes. Les légumes ainsi produits sont donnés à des associations caritatives, les Restos du cœur, la Croix-Rouge, le Secours populaire, qui les distribuent chaque semaine à leurs bénéficiaires.

Ce projet de maraîchage solidaire est le fruit d’un partenariat mis en place l’an dernier entre l’établissement et la commune. Celle-ci finance les semences, les plants, le terreau, et vient chercher les cagettes chaque semaine. Le projet est également soutenu par des partenaires privés, principalement le Crédit agricole Brie-Picardie, dont le fonds de solidarité a financé les serres, via l’association Les Jardins de Marianne. Celles-ci seront d’ailleurs inaugurées en grande pompe lundi 30 mai.

Trois personnes embauchées

L’ensemble, de plus de 5 000 m2, est géré par l’atelier pédagogique du lycée, qui fait régulièrement intervenir sur le site des élèves du lycée ou du centre de formation des apprentis, pour des cours grandeur nature. Mais l’opération a surtout permis à l’établissement de recruter trois personnes : Pierre Magnier, Cédric Vallée et Jean-Claude Pommard. Trois jardiniers en contrat d’accompagnement vers l’emploi (CAE), pour deux ans. Ils viennent des jardins collectifs, qui accueillent des bénéficiaires du RSA pour un projet d’insertion sociale, et ont postulé ici pour retrouver un métier. Deux autres sont en stage pour quinze jours mais espèrent déjà continuer.

Pierre Magnier, par exemple, a longtemps travaillé à l’usine. Sans emploi, il a suivi une formation de maraîchage bio au Centre de formation professionnel de promotion agricole (CFPPA), au sein du lycée. Puis a rejoint les jardins collectifs. Avant d’être recruté ici, il y a un an, pour un contrat de 20 heures. Il est devenu l’un des piliers du potager. « Il organise tout le travail sur le terrain, la programmation des serres, la mise en place des cultures, le rempotage », détaille Julie Cadot, enseignante en gestion d’espaces naturels et responsables du projet. Qui souligne : « Les gars s’investissent beaucoup, c’est leur jardin, leur domaine.  »

«  Avant qu’on arrive ici, c’était en friche. On a tout nettoyé à la main, tout fait de A à Z », raconte Pierre avec fierté. Avant de confier : « On aime bien faire tout ça, on vient même pendant notre temps libre. » Les deux stagiaires, Frédéric Loire et Stéphane Godet, sont également ravis de l’expérience. « Ici, on se sent utile, on fait de belles choses avec notre terre abbevilloise, témoigne le second. Et c’est motivant de travailler pour des associations.  »

Les tâches ne manquent pas. « Nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire, insiste Julie Cadot. Simplement du fumier et de la bouillie bordelaise. » Des ruches ont été également installées, pour favoriser la pollinisation. « Même si nous ne faisons pas du bio, nous voulons être le plus naturel possible. Du coup, cela demande beaucoup de travail. » D’autant que le jardin s’agrandit. « Nous avons mis en place un verger avec 15 arbres de différentes espèces, des pommiers, des poiriers, et aussi des framboisiers, des fraisiers.  »

L’enseignante remarque : « Nous sommes un des rares lycées agricoles à ne pas avoir d’exploitation. L’atelier pédagogique est un début. » Après les fruits et légumes, il commence donc à produire du jus de pomme et du miel, qui sont vendus en interne ou sur des marchés. « Le but est de créer de l’emploi, de donner aux jardiniers une chance de réinsertion. Mais il nous faut dégager du revenu pour payer les salaires. »

Alexis Tonneau

Alexis, cinquième génération à la barre de Les Serres Tonneau depuis 2021, incarne l'innovation au sein d'une tradition familiale débutée en 1962. Formé en ingénierie, avec un parcours enrichi dans la cosmétique et la chimie de l'emballage, il a choisi de poursuivre l'œuvre de sa famille en embrassant les défis du jardinage moderne. Passionné par le lien entre l'homme et la nature, Alexis voit le jardinage comme un acte de pleine conscience, un moyen de ralentir et de se reconnecter à soi dans un monde rapide.

Sous sa direction, Les Serres Tonneau promeut une vision du jardinage durable, rejetant la surconsommation pour des serres simples, efficaces, et écologiques. Alexis défend la permaculture et l'agroécologie, envisageant un avenir où culture et jardinage riment avec respect de l'environnement.

À travers ses écrits, il partage sa conviction que des pratiques durables peuvent transformer notre relation à la terre, encourageant chaque jardinier à adopter une approche plus consciente et respectueuse. Alexis aspire à inspirer une nouvelle génération de jardiniers, guidés par les principes de durabilité et d'innovation, pour cultiver un avenir plus vert pour notre planète.